Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/28

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Et de tant de bienfaits un barbare ennemi
Voudroit que sans honneur l’homme encor endormi
Rallentit son essor ! Non, non ; que plus ardente,
Son ame s’agrandisse et vole indépendante :
Tout ce qu’il ne voit pas, il le peut voir un jour.
Il saura quel pouvoir au liquide séjour
Enlève et rend deux fois, dans la même journée,
L’onde tantôt captive et tantôt déchaînée ;
Comment des vastes eaux s’est formé le bassin,
Et les monts dont la terre a hérissé son sein ;
Pour quel dessein caché la comète brûlante
Traîne au loin dans les airs sa queue étincelante.
Oui, je l’ose prédire. à ses yeux plus savans,
Les tems dévoileront l’origine des vents ;
Il pourra concevoir quelle est de la lumière
La source intarissable et l’essence première ;
Soumettre à son compas tous les célestes corps,
Leur fuite, leur retour, leur grandeur, leurs accords ;
Pénétrer les ressorts qui meuvent la matière ;
Saisir d’un seul regard notre ame toute entière,
Et deviner le terme où rompant sa prison
L’instinct