Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/280

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Alors dans les cités ne fut plus entendu
Ni le bruit du marteau, ni le cri de la scie ;
Les chars ne roulent plus sur la terre durcie ;
Par-tout un long silence, image de la mort :
Thémis laisse tomber son glaive, et le remord
Venge seul la vertu de l’audace du crime.
Tout le courroux des dieux vainement nous opprime,
Leurs temples sont déserts ; ou si quelques mortels
Demandent que le vin coule encor aux autels,
Le vin, sous l’oeil des dieux que le prêtre réclame,
S’épaissit et se glace à côté de la flamme.
Maintenant ouvre-moi ton palais de cristal,
Ô gelée ! ô démon bienfaisant et fatal !
Je veux de ta naissance éclairer le mystère.
La route où je m’engage est encor solitaire,
Je le sais ; et partout, aux poëtes français,
Des rocs, des monts scabreux en défendent l’accès :
Là, jamais n’ont coulé les sources d’Aonie.
Mais l’amour de la gloire enhardit mon génie :
J’ai senti l’éguillon de ses nobles chaleurs.
Et sur un sol ingrat je trouverai des fleurs ;