Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/281

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Je m’en couronnerai. Dans la nature entière,
Circule un océan de subtile matière,
Qui pénètre, environne, assiège tous les corps,
Et qui seule dilate ou presse leurs ressorts.
Tantôt, son flux rapide, embrassant leurs parties,
Est le noeud fortuné qui les tient assorties.
Tantôt, son cours plus lent, de ce lien heureux
Dégageant par dégrés leurs atômes nombreux,
Suspend ou rallentit leur action première.
Si donc, ne dardant plus qu’une oblique lumière,
Aujourd’hui du soleil les foibles javelots
De ce fluide errant laissent dormir les flots ;
Sans doute que des corps, où cet agent s’enferme,
Les atômes, liés d’une chaîne plus ferme,
Doivent serrer leurs rangs ; et plus durs, plus épais,
Tranquilles à leur tour, sommeiller dans la paix :
Alors paroît la glace. Alors la terre et l’onde
Sentent se rallentir le feu qui les féconde.
Et si le nitre encor, par les vents apporté,
Darde ses traits aigus, dans l’air moins agité ;
S’il frappe tous les corps de ses flèches perçantes,