Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/286

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Tel fut jadis le sort d’Alfrède et de Wolmise.
Tous deux, sur le rivage, où la fière Tamise,
Mollement étendue en un lit de roseaux,
D’une forêt de mâts voit ombrager ses eaux,
Fruits chéris de l’hymen d’Arthur et d’Orlowie,
Tous deux, au même instant, avoient reçu la vie ;
En eux tout fut pareil : et l’auteur de leurs jours,
Par une douce erreur, les confondoit toujours.
Une femme en ce tems regnoit, et de la terre
Attachoit les regards sur l’heureuse Angleterre ;
C’étoit élisabeth. Son peuple, roi des flots,
Faisoit voguer au nord ses hardis matelots.
Willougby les guidoit. Ce chef ardent et sage,
Suivi des fils d’Arthur, va tenter ce passage,
Qui, cherché tant de fois et toujours sans succès,
Au voyageur encor n’offroit aucun accès.
Déjà l’heureux vaisseau, fendant les flots de l’Ourse ;
Vers les bords de l’Asie a dirigé sa course.
Tout-à-coup le démon, qui, souverain du nord,
Y règne avec la nuit, la tempête et la mort ;
L’hyver, plus furieux, sur la troupe intrépide,
Ainsi qu’un ouragan, tombe d’un vol rapide ;