Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/285

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Ne connoît ni les chants, ni les jeux, ni l’amour.

À la voix des besoins grossièrement docile,
Il ne veut pour ses sens qu’un triomphe facile ;
Digne émule des ours dans ses bois dispersés.
Peindrai-je les glaçons l’un sur l’autre entassés,
Voyageant sur les mers en montagnes flottantes,
Et se heurtant au gré des vagues inconstantes ?
Désordre du cahos ! D’un cours tumultueux,
Ainsi les élémens rouloient tempêtueux,
Avant que des destins l’éternelle puissance
Aux mondes, aux soleils eut marqué la naissance.
Dirai-je la pâleur et l’effroi des nochers,
Qui, voguant à travers ces monceaux de rochers,
Maudissent, l’oeil en pleurs, leur stérile courage,
Et glacés et tremblans attendent le naufrage ?
En sont-ils épargnés ! Un plus funeste sort
Leur prépare à loisir l’angoisse de la mort.
Autour d’eux l’océan, vaincu par la gelée,
Est lié tout entier de glace amoncelée ;
Il cesse de rugir : de traits aigus percé,
Le matelot expire où son chef l’a placé.