Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/334

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Le sceptre de l’hyver pèse encore sur la terre :
Et l’enfant des hameaux frileux et solitaire,
Près d’un feu pétillant dans sa cabane assis,
Voit les fleuves, les lacs et les étangs durcis,
La nège en tapis blancs sur les monts étendue,
Et la glace en cristal aux arbres suspendue.
D’un oeil impatient interrogeant les cieux,
Il appelle du sud le retour pluvieux :
"Vent propice, dit-il, viens, et que ton haleine
Pénètre les glaçons entassés sur la plaine :
Qu’ils s’écoulent : le boeuf, pressé de l’éguillon,
Ouvrira dans les champs un facile sillon. "
Il dit : l’autan s’éveille, et d’abord en silence,
Du rivage africain vers l’Europe s’élance ;
Bientôt, tempêtueux, il gronde : et devant lui,
Dans les antres du nord l’aquilon s’est enfui.
Son rival triomphant règne seul en sa place ;
Il détend par dégrés les chaînes de la glace.

La nège, sur les rocs élevée en monceaux,
Distille goutte à goutte, et fuit à longs ruisseaux,
Ils courent à travers les terres éboulées,