Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/339

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Je l’éprouve moi-même : oui, cent fois, à la vue
Des voiles de la mort, d’une tombe imprévue,
L’image de ma mère enlevée en sa fleur,
M’a frappé, m’a rempli d’une sainte douleur :
J’ai cru voir sa vertu, sa jeunesse, ses charmes,
Et ce doux souvenir a fait couler mes larmes.
Astre des nuits ! Je veux à ton pâle flambeau,
Oui, je veux m’avancer vers ce sacré tombeau :
Guide moi... vain espoir que mon coeur se propose !
Hélas ! Trop loin de moi cette cendre repose.
Ma mère ! Oh ! Si mon oeil revoit le bord chéri,
Où ton sein me conçut, où ton lait m’a nourri,
Où tes soins aux vertus formèrent mon jeune âge,
Je voue à ton sépulchre un saint pélerinage ;
J’irai te faire ouïr le cri de mes douleurs,
Et courbé sur ta tombe, y répandre des pleurs.
Vous cependant, mortels, vous que j’ai fait descendre
Aux lieux, où la mort règne assise sur la cendre,
Pardonnez, si mes vers obscurcis trop long-tems
Ont fatigué vos yeux de tableaux attristans.