Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/342

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Ai-je rompu la digue et des moeurs et des loix ?
Mon luth, fidèle écho du plus sage des rois,
Condamne tout excès ; tout excès est folie.
Par la main des plaisirs aux vertus je vous lie ;
J’endors vos noirs chagrins, je charme vos douleurs,
Et vous mène au tombeau par un sentier de fleurs.
Osez donc aujourd’hui, moins sombres, moins sauvages,
Me suivre ; et de la mort oubliant les ravages,
Promenez vos regards sur de rians tableaux.
Voyez sortir Vénus de l’empire des flots ;
Voyez-la qui s’assied sur sa conque azurée :
Des citoyens de l’onde elle vogue entourée,
Les pénètre d’amour et sourit à leurs jeux.
Déjà sont repeuplés les gouffres orageux ;
Et Vénus, sur un char dans les airs emportée,
Pour essuyer les pleurs de la terre attristée,
Va par-tout de l’hyver égayer les loisirs,
Et donne en souriant le signal des plaisirs.
Elle vole : un jour pur se répand autour d’elle.
Des filles du printems avant-coureur fidèle,
Le diligent Crocus lève son front doré ;