Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et l’indigence en pleurs ne les ouvriroit pas !
Mais les champs à nos yeux languissent sans appas :
L’orgueil de notre faste, outrageant la nature,
Dédaigne les mortels voués à leur culture.

Que serions-nous pourtant, si l’essaim des besoins
N’imposoit à leurs bras un long tribut de soins ?
C’est lui, qui sur le sol de leur étroit domaine
À l’oisive charrue aujourd’hui les ramène.
Ils placent sous le joug leurs taureaux vigoureux ;
Le soc brille, rongé par le sillon poudreux :
Le semeur y répand d’une égale mesure
Ce froment, que l’été doit rendre avec usure.
Sur les pas du semeur, la herse lentement
Rampe, et brisant la glèbe, encouvre le froment.
Hommes laborieux, votre tâche est remplie.
Et vous, par qui tout naît, vit et se multiplie,
Dieux bons, dieux paternels ! C’est à vous à présent
De jetter sur ces grains un regard bienfaisant.
Ordonnez que l’amas de ces eaux suspendues,
Pour noyer nos sillons trop de fois répandues,
Ne fonde point sur eux : mais qu’errant dans les airs,