Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/84

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Il s’épanche en torrents sur des climats déserts ;
Mais qu’une douce ondée abreuve la campagne ;
Mais que d’un jour serein la chaleur l’accompagne ;
Mais que d’un verd naissant le sillon surmonté
De son dos inégal cache la nudité,
Et de loin à nos yeux présage l’abondance.
Ordonnez aux brouillards que l’automne condense,
Lorsqu’éteignant les feux de l’occident vermeil,
La nuit a ramené les heures du sommeil,
Dieux bons ! Ordonnez-leur que la terre humectée
Par eux d’un air impur ne soit point infectée.
Souvent dans les brouillards, qui couvrent l’horizon,
Le scorpion céleste a lancé son poison.
Alors de la beauté les roses se flétrissent ;
Du jeune-homme pâli les forces dépérissent ;
Et la tombe, sans cesse ouverte sous nos pas,
Appelle le vieillard des langueurs au trépas.
Oh ! Que de fois alors, la peste au vol immonde
Pour assouvir l’enfer a parcouru le monde !
Hélas ! Ils sont encor présens à nos douleurs,
Ces jours rendus fameux par l’excès de malheurs,
Ces jours, où succombant sous ce monstre homicide,