Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/86

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Perce du vieux Atlas les sommets orageux,
De cadavres infects couvre ses rocs nègeux ;
Une seconde fois fait expirer Carthage ;
Vole au-delà des mers jusqu’aux sources du Tage ;
Rend veuves d’habitans ses antiques cités ;
Mêle ensemble et l’ibère et le maure indomptés ;
Entre eux et le français quelque tems en balance,
Des monts pyrénéens sur les Alpes s’élance ;
Par monceaux, livre en proie à l’avide Pluton
Les lâches descendans d’émile et de Caton ;
De tous ses potentats purge la Germanie ;
Des ducs de la Newa punit la tyrannie ;
Ronge avec leurs troupeaux les bergers du Lapland,
Brave les feux d’Hécla, parcourt le Groënland,
Touche au pôle ; et soudain retournant sur sa trace,
Dévore tout le nord que l’océan embrasse,
S’acharne sur le belge, et dans les champs français,
Par des excès plus grands vient combler ses excès.
D’abord cédant aux coups de la Parque inhumaine,
Les animaux en foule accrurent son domaine.

Le cerf au pied léger, la chèvre au crin pendant,