Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/85

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Des portes de l’aurore aux colonnes d’Alcide,
Du foyer du midi jusqu’aux glaces du nord,
La moitié des humains s’engloutit dans la mort !

Vers les bois, où se perd le sauvage Tartare,
Les flots empoisonnés que roule le Ténare,
Par un gouffre entr’ouvert le vomirent au jour.
Trop resserré bientôt dans cet obscur séjour,
Le monstre, déployant ses aîles ténébreuses,
Vole au Cathay, s’abbat sur ses villes nombreuses,
Les comble de mourans entassés sous des morts ;
Reprend son vol ; du Gange atteint les riches bords,
Les transforme en passant en vaste cimetière ;
Du superbe Mogol traverse la frontière ;
Remplit de ses poisons l’empire des sophis,
Les murs de Constantin, l’Arabie et Memphis ;
Franchit les hauts rochers, d’où le Nil roule et tombe ;
Fléau des nubiens, les plonge dans la tombe ;
Abbat le grand-négus, son peuple, ses enfans ;
Frappe la Côte D’Or, celle des éléphans ;
Dévaste le Zaïre, et les forêts sauvages,
Qui du frère du Nil couronnent les rivages ;