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Page:Roujon - La Galerie des bustes, 1908.djvu/14

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alors, je sus pressentir quelqu’un. Le manuscrit portait cette signature : Guy de Valmont.

« Qui est-ce ?

— Un protégé, un ami de Flaubert, me répondit Mendès. Flaubert envoie lui-même le manuscrit, en me pressant de le publier. »

Gustave Flaubert, au lendemain de la Tentation de saint Antoine, était pour nous une idole. Il réalisait à nos yeux le type achevé de lliomme de lettres, l’écrivain exemplaire, héroïque et parfait. Un inconnu qui se présentait en son nom revêtait par cela même un caractère sacré. Mon devoir élémentaire était de relire une troisième fois les vers de M. Guy de Valmont. L’auteur étant un ami de Flaubert, je cédai à mon désir de les admirer.

Cependant Catulle Mendès, équitable et paisible, docile aux principes d’hospitalité littéraire qui ont dirigé sa vie, envoyait sans retard à l’imprimerie cette copie de conscrit, illustrée du patronage d’un maréchal.

« Guy de Valmont, ajoutait-il, est un pseudonyme. Flaubert m’explique que son jeune ami est employé au ministère de la Marine, sous les ordres d’un homme qui n’aime pas les vers. Le vrai nom du poète est Maupassant. D’ailleurs, il va venir nous voir. Dès aujourd’hui, il est de la maison. »

Au bord de l’Eau parut dans le numéro suivant de la République des Lettres, parmi de nobles vers de Léon Dierx, des Marginalia d’Edgar Poë, et un extrait d’une féerie, alors inédite, de Flaubert. Soit dit sans blasphème, ce fragment. Le Royaume du Pot au feu, ajoutait médiocrement à la gloire du maître. On lut les vers du nouveau venu ; quelques parnassiens, qui ne badi-