Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/104

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de ses démarches ou plutôt de son ivresse simulée et pour se préparer à retourner au fort Jacques-Cartier, où le marquis Albergotti ne manquerait pas de le nommer maréchal ou colonel, en récompense de sa bravoure et de son dévouement à la cause de la colonie. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’en arrivant à la maison du père Gaufflé il trouva Léveillé garrotté, attaché à une patte du poêle et gardé par une vingtaine de soldats anglais commandés par un capitaine. C’est maître Gaufflé qui avait fait comme Judas ; il les avait trahis pour quelques louis d’or.

« Léveillé se conduisit en brave, comme toujours du reste, car mon grand-père aperçut cinq ou six soldats qui se lavaient le visage dans une cuvette dont l’eau était toute rouge de sang.

« En entrant dans la maison, mon grand-père se trouva face à face avec ces vingt habits rouges armés, qui se précipitèrent sur lui pour le faire prisonnier à son tour ; mais, avant d’être enchaîné, il eut le temps d’assommer quatre soldats et d’administrer un coup de poing au bonhomme Gaufflé, qui roula sous la table sans connaissance. Le traître mourut le lendemain. Une patrouille arriva au même instant sur les lieux et amena mon grand-père et Léveillé à la citadelle, où on les enferma dans un cachot, sans s’occuper d’eux jusqu’au lendemain matin.

« Le lendemain, on les fouilla ; mais on ne trouva