Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/105

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rien, pour la bonne raison que, pendant la nuit, mon grand-père avait soulevé une énorme pierre du plancher de sa cellule et caché au-dessous les documents qu’il portait sur lui au moment de son arrestation.

« C’est ce qui sauva la vie aux deux envoyés du marquis d’Albergotti. Pourtant je me trompe, les soldats trouvèrent sur chacun d’eux une vieille pipe de plâtre, toute noire, et une boîte de cuivre à moitié remplie de tabac canadien.

« Après l’examen des prisonniers, on procéda à l’interrogatoire. L’officier chargé de cette besogne commença par grand-père Jean.

« — Qu’êtes-vous venu faire à Québec ?

« — Je suis venu faire mes affaires.

« — Mais en quoi consistaient ces affaires ?

« — Eh bien, mon ami et moi nous désirions rendre visite à un vieux luron, que nous n’avions pas vu depuis longtemps.

« — Quel était ce luron ?

« — Le maudit Gaufflé, dont j’ai écrapouti la carcasse, il n’y a pas longtemps. Je voulais lui donner une leçon, et il l’a eue meilleure que je ne le pensais ; car je n’avais point du tout l’intention de l’envoyer dans l’autre monde. »

« L’officier continua d’interroger mon grand-père pendant quelques minutes, mais il n’en put tirer rien de bon.

« Pierre Léveillé fut soumis au même interrogatoire ; mais l’officier ne fut pas plus heureux