Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/113

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« Les recherches recommencèrent avec une nouvelle ardeur, mais elles furent sans résultat.

« Mon grand-père et Pierre Léveillé, qui passaient alors au large de la baie, riaient à gorge déployée de la déconvenue des soldats anglais. En les voyant aller et venir avec leurs torches flamboyantes, mon grand-père se pencha à l’oreille de son ami en murmurant :

« — Cherchez bien, messieurs les habits rouges, mais vous ne nous trouverez pas ; car, dans une demi-heure, nous serons avec nos amis du fort Jacques-Cartier.

« — Et puis, ces imbéciles, reprit Pierre Léveillé, vont passer la nuit à la belle étoile ; car la mer baisse très vite et avant un quart d’heure leurs chaloupes seront à sec. »

« C’est ce qui arriva en effet. Voyant que leurs fouilles étaient infructueuses, le commandant donna l’ordre à ses soldats de retourner à leurs chaloupes et d’aller rejoindre la flotte. Mais ils se trouvèrent bientôt en face d’une nouvelle déception : les deux embarcations étaient complètement échouées. Ils résolurent de les traîner jusqu’à un petit ruisseau que tu peux voir encore couler aujourd’hui presque à l’extrémité de la Pointe. Après avoir fait un demi-arpent, ils enfoncèrent dans la terre glaise et ne purent faire un pas de plus. Quel parti prendre alors ? Attendre la marée montante ; il ne leur restait pas d’autre alternative ; c’est ce qu’ils firent, après avoir allumé un bon feu sur le bord de l’eau.