Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/15

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tations ? Le mal existe ; il faut chercher à le réparer. Le silence se rétablit bientôt et l’on se met à réfléchir aux moyens qu’il faut adopter pour sortir de cette terrible situation.

« — Quand le diable doit-il venir ? demande la femme.

« — Ce soir même, » répond le mari.

« Toinette se jette à genoux devant une image de la bonne sainte Anne et conjure la grande thaumaturge du Canada de lui aider à arracher l’âme de son mari des griffes de Satan. Elle passe une grosse heure en prière et se relève ensuite en disant à son mari :

« — J’ai l’espoir de te sauver ; mais laisse-moi agir seule. »

« Les ombres commencent à s’étendre dans la vallée, lorsqu’un inconnu vient frapper à la porte. On ouvre : c’est l’étranger dont l’arrivée est si redoutée ; il entre en faisant un salut profond à toute la famille réunie près du foyer. Il se dirige droit vers l’entrepreneur et lui dit :

« — Monsieur, vous m’appartenez depuis dix minutes. Je viens donc vous réclamer comme mon bien. »

« La femme se précipite au-devant de l’étranger et lui demande, avec des sanglots dans la voix, de lui laisser son mari pour quelques instants seulement.

« — Pour combien de temps ? demande l’étranger.