Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/61

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« Au petit jour seulement, Quénon, épuisé de fatigue et de peur, arrivait chez son père. Après avoir changé de toilette, il courut à l’église faire l’aveu de ses péchés à son curé et demander pardon à Dieu de ses égarements passés. Sa conversion fut sincère, car on ne le vit plus aux veillées du moulin.

« Ses deux amis, témoins de cette terrible aventure, crurent que Quénon avait été entraîné dans le fleuve et qu’il s’était noyé. Le malheur arrivé à leur compagnon de plaisir les avait profondément touchés, et ils promirent aussitôt de changer de vie. Le lendemain matin, ils prirent, eux aussi, le chemin du confessionnal, où ils furent agréablement surpris de rencontrer Quénon, qu’ils croyaient mort.

« Ces trois jeunes gens devinrent ensuite des modèles de vertu dans leur paroisse et renoncèrent pour toujours à la danse et à la boisson.

« Comment trouves-tu mon histoire ? me demanda le narrateur.

— Je te l’avoue en toute sincérité, j’y crois fermement, parce que le diable a joué le même tour à deux individus dans une paroisse du comté de Port-Neuf. »

« Voici la deuxième histoire de ma grand’mère. Permets-moi de taire le nom de la paroisse où se passèrent les événements que je vais relater, parce