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BEAUTÉ DE LA FEMME



Charme des folles nuits, éblouissant Poème,
Éternel Idéal, fleur de Mysticité,
Ô femme, j’ai compris d’où te vient la beauté
Dont rayonne ton front fait pour le diadème.

Le Paros de ta chair a beau servir de thème,
On n’en dira jamais toute la pureté ;
Et ton corps où, parfois, s’endort la volupté
En reçoit pour toujours une grâce suprême.

Mais, si l’on doit aimer la courbe de tes flancs.
La superbe rondeur de tes seins aussi blancs
Que la neige des Monts, le lys ou l’asphodèle ;

Si l’on rêve de tes cheveux longs et soyeux.
Ce qu’il faut admirer et qui te rend si belle,
Déesse, c’est surtout la splendeur de tes yeux !



PRO PATRIA


I


Ils étaient vaincus ; mais, coûte que coûte,
Pour que l’allemand ne pût tout broyer,
Il fallait sauver l’armée en déroute.
Un régiment seul osa l’essayer.

On le vit, ayant toutes les audaces,
Sur un terrain nu posté sans faiblir,
Défier ainsi les profondes masses
Qui, de toute part, venaient l’assaillir.

Et s’il résistait et, seul, tenait tête
À leurs flots pressés pareils à la mer,
C’est qu’il espérait grandir la défaite
Dont le souvenir serait moins amer.

Le combat fut long, implacable, horrible !
Et tous ces martyrs s’étant fait hacher,
Leur dernier sommeil parut si terrible
Que les ennemis n’osaient approcher.

Le torrent passa.
Le torrent passa. Dans la même fosse
Sans les distinguer on mit ces héros
Et le lieu qui vit la mêlée atroce
Fut pour nos soldats le champ du repos.