Toute femme est encor ce qu’Eve était jadis,
Prompte à quitter le bien pour des plaisirs maudits
Livrée au sombre orgueil des fougues insensées,
La chair comme un torrent submerge ses pensées !
Oh ! qui peut de son cœur sonder tous les détours,
Et quel Ange a jamais pu suivre, dans leur cours,
Les désirs égarés de cet hermaphrodite ?
Son sein est un chaos que le vieux Sphinx habite !
Pour revêtir le mal d’un perfide dehors,
La malice angélique en elle a pris un corps !
Son amour désastreux est un brûlant mystère :
Le délire est moins sombre et la mort moins amère !
Tantôt touchant au ciel, et tantôt à l’Enfer,
Et toujours, dans l’excès, digne de Lucifer,
Monstre hiéroglyphique, énigme indéchiffrable,
Dont les serments d’un jour sont écrits sur le sable,
On la voit, tour à tour, au gré du même feu,
Et l’épouse de l’homme et l’épouse de Dieu,
Cachant l’immonde amour sous sa robe de neige,
Et faisant de son cœur l’enfer du sacrilège !
C’est d’elle et d’un Démon, son plus intime époux,
Que naîtra l’Antéchrist qui doit régner sur tous !
L’enfance féminine, encore en camisole,
Porte un cœur agité sur les bancs de l’école ;
Et l’homme, en rougissant, entend la prude miss
Parler de « genial bed » et de « conjugal bliss. »
De la froide pudeur androgyne oublieuse,
D la voit s’exalter, en sa pâleur fiévreuse ;
Et rêvant d’égaler Marguerite Fuller,
Monter sur le trépied en habits de bloomer !
Vestale illuminée, elle paraît un ange ;
Mais cet ange bien vite en un démon se change ;
Et ce démon femelle, au lieu de l’élever,
Obsédant son objet, cherche à le dépraver :
Tel un sombre vampire, insatiable Goule,
Du sang de sa victime, en l’étouffant, se soûle ;
Ou tel un long serpent autour d’elle se tord,
Et l’entraîne sous terre, en lui donnant la mort ! —
Aimer d’un amour vrai, c’est sortir de soi-même,
C’est se perdre avec joie en celui que l’on aime ;
Mais l’amour égoïste en soi-même toujours
Concentre, absorbe, éteint, détruit tous les amours !
L’amour est pour la femme une fièvre, un délire ;
L’homme qu’elle a séduit est celui qu’elle admire ;
Et quand l’homme enrayé fuit son embrassement,
Dans l’incube démon elle cherche un amant !
Sans cesse, pour prêcher la plus folle utopie,
Je trouve dans la femme une éloquence impie ;
Se faisant, pour séduire, Ange, animal, Démon,
Du Spiritualiste elle passe au Mormon ;
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