aucune thébaïde s’ouvrir pour recevoir et abriter, comme une arche sainte, les âmes contemplatives et séraphiques, que Dieu destine au repos et non à l’action ! Malheur à toi, ô jeune Église d’Amérique, si Marie ne trouvait pas des défenseurs et des protecteurs dans les évêques et dans les prêtres ; si trop entraînés par le siècle et trop dominés par son esprit fiévreux, ils ne comprenaient pas qu’il faut un certain équilibre entre les actions et les prières, entre la vie active et la vie contemplative, entre les désordres du monde et les austérités du cloître, entre le spiritualisme diabolique et le mysticisme divin ! — Une grande lutte est engagée, un grand combat va se livrer, et toujours, à la veille de tous les grands combats que l’Église a eu à soutenir contre la persécution, les hérésies et les scandales, Dieu a envoyé dans les saintes retraites de nouveaux Moïses, qui ont obtenu pour elle la victoire sur ses ennemis, le triomphe de l’esprit sur la chair, du cloître héroïque sur le monde égoïste, de l’amour de Dieu sur l’amour de l’or. Oh ! que nous avons besoin, en Amérique, de larmes, de prières et d’expiations, pour servir de contre-poids mystique aux hérésies, aux scandales, et aux persécutions qui vont bientôt éclater sous le souffle orageux de l’orgueil, dont le sombre vertige aveugle et précipite vers l’abîme les folles multitudes !
Qu’attends-tu, ô jeune et libre Nation Américaine, pour entrer dans la voie du sacrifice et de l’héroïsme ? Attends-tu le nombre des années, l’hiver triste et sombre qui tue l’enthousiasme ? Rien de grand ne se fait sans l’enthousiasme, et l’enthousiasme en tout genre appartient à la jeunesse. Ce n’est point à l’âge mûr ou à la vieillesse qu’il faut demander l’élan généreux, l’abnégation, l’héroïsme ; mais c’est à l’enfance, c’est à la jeunesse : À elle la sainte audace, l’imprévoyant esprit de dévouement ; — à la vieillesse le doute, l’hésitation, l’esprit de calcul et de prudence excessive.
L’enfance, la jeunesse, c’est la fleur de l’Église et de la Patrie, c’est la portion choisie et forte de l’humanité, c’est l’espoir du renouvellement social et monastique ! La jeunesse de l’homme, comme la jeunesse de la Nation, c’est l’âge héroïque de l’enthousiasme ! La raillerie et la satire viennent après l’admiration et le lyrisme mystique. Quand les nations sont vieilles, en elles l’admiration est morte, l’espérance languit, le sarcasme seul est vivant. Il faut remonter aux berceaux des peuples pour trouver leurs