Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/103

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parle, et tu seras la dame de mes pensées. »

Lorsque l’exilé français eut ainsi ouvert son cœur, continua Rosalie, Pakanli baissa les yeux ; elle rougit ; se tut un moment ; et, se couvrant le visage avec un pan de sa couverture, elle répondit : « La voix de l’homme, qui n’est pas de ma race et qui n’est pas de ma terre, a fait tressaillir mon cœur. J’ai entendu, ce matin, la tourterelle appelant sa compagne ; j’ai vu un flamant et un cygne, côté à côté, nageant dans les eaux de l’Itoumikbi ; la fleur rouge et la fleur blanche se sont rencontrées ; elles ont entrelacé leurs racines ; le calice de l’une s’est penchée vers le calice de l’autre, et lui a livré tout son parfum le plus chaste, et lui a versé tout son miel le plus doux : L’humble et bienheureuse dame de l’Itoumikbi consent à la demande du noble et brave chevalier de l’Armorique ; le Grand Esprit enverra un de ses prêtes, pour bénir l’alliance de la peau rouge et de la peau blanche : L’aurore va bientôt se confondre avec le jour ; la flamme, avec la lumière ; le rubis, avec le diamant : Nature oblige ; tu as la parole d’une enfant de la grande nature. »

« Ce Français, continua toujours Rosalie, eut de Pakanli une fille aussi belle que sa mère : A sa naissance, pendant la nuit, la lune et les étoiles disparurent devant la splendeur qui environna son berceau. Elle fut baptisée et reçut le nom de Marie : On dit qu’après le baptême, son front parut couronné d’une auréole éblouissante. Mais