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Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/14

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Pendant la première moitié de ce siècle, une famille d’origine française vivait dans le Sud des États-Unis, non loin d’une grande ville, sur une habitation isolée, à laquelle on arrivait par différentes allées ombragées d’orangers, de pacaniers et de chênes-verts, revêtus de mousse et de lianes enlacées : Cette famille se composait de trois personnes, le père, la mère et une fille unique, sans cependant y comprendre les esclaves qui étaient en assez grand nombre.

Cette jeune fille, que ses parents avaient nommée Atala, à cause de leur grande admiration pour les ouvrages de Chateaubriand, et surtout pour l’ouvrage où il parle d’Atala et de Chactas, fut envoyée et élevée dans un couvent établi depuis longtemps dans le pays. Après avoir achevé son éducation, elle était revenue au sein de sa famille. D’une nature sérieuse et réfléchie, elle n’avait aucun goût pour les plaisirs ordinaires de son sexe et de son âge ; elle se plaisait dans la solitude la plus profonde ; elle recherchait les lieux les plus retirés, pour y contempler l’aspect sauvage des grandes forêts primitives ; une fleur l’attirait et la charmait ; le chant d’un oiseau la faisait tressaillir d’émotion ; la plainte du vent dans les arbres et le murmure des flots la plongeaient dans une indéfinissable rêverie ; ses narines et ses poumons se dilataient, en aspirant les parfums exhalés des incultes savanes ; son imagination, son cœur, son esprit, tout son être