Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/24

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Atala avait conservé avec soin le costume qu’elle portait, lorsqu’elle se perdit dans la forêt, et elle le mettait, toutes les fois qu’elle en sortait pour s’approcher des habitations humaines. On l’appelait « la femme mystérieuse ; » mais on ne savait, ni qui elle était, ni où elle demeurait. Elle inspirait autant de doutes inquiets que de craintes superstitieuses. On la regardait comme un personnage surnaturel, un être extraordinaire, une sorte de magicienne sauvage. Elle se rendait souvent à la chapelle du Bocage, pour y accomplir ses devoirs de chrétienne, et son confesseur seul était initié aux secrets de son âme et à une Religieuse qu’à une sibylle.

La jeune Indienne, qui partageait sa solitude, avait un frère qui, dans ses courses lointaines à la chasse, venait souvent visiter sa sœur et lui apporter des présents et du gibier. Il allait quelquefois dans le Grand Village des Blancs. La Solitaire inconnue se servait de lui pour faire parvenir des lettres qu’elle écrivait à un Religieux qui autrefois l’avait dirigée et lui avait inspiré ces grandes idées et ces grands sentiments d’une Religion qui ne craint rien tant que les petitesses qui s’affublent d’un air d’humilité pour se mettre au-dessus de toutes les grandeurs, ou plutôt pour abaisser toutes les grandeurs au-dessous d’elles.

Dès sa plus tendre jeunesse, Atala avait compris qu’elle n’était pas faite pour le monde, et que le