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CHAPITRE III


Les arbres, qui avaient appris à St-Bernard plus de choses que les plus savants professeurs, lui disaient tous les secrets de leur grand souffle inspirateur.

Lorsque la jeune Atala sympathisait, ainsi que je l’ai dit, avec la nature sauvage, au point de ressentir toutes les blessures que lui faisaient les barbares de la civilisation, c’était la partie inférieure de son être qui était émue et troublée par l’émotion ; mais les hauteurs de l’esprit restaient toujours calmes et gardaient l’inaltérable sérénité d’une abstraction suprême : Ces hauteurs touchaient à l’infini. Attentive et muette pendant des heures entières, immobile comme une extatique, elle écoutait avec ravissement les symphonies des innombrables musiciens de la nature. Elle distinguait les moindres nuances des sons, et les moindres ombres de ces nuances. Les couleurs aussi, par leur clair-obscur, leurs teintes graduées, si faibles et si vagues qu’elles semblaient se confondre, produisaient en elle des sensations analogues à celles des sons. Et les lignes droites, les angles, les courbes, les figures variées, les formes diverses, avec leurs mille contours harmonieux, lui révélaient, pour ainsi dire, toutes les lois de la statuaire, de l’architec-