Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/66

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d’elle pour respirer son souffle rempli de parfums agrestes, et les oiseaux venaient se poser sur ses épaules, recouvertes d’un mantelet fait avec leurs plumes les plus brillantes. Son esprit et son cœur trouvaient une interprétation mystique pour chaque événement et chaque phénomène. Elle semblait lire dans le livre de la nature avec autant de pénétration qu’Atala elle-même : Aussi, se comprenaient-elles sans se parler, et comme par intuition.

Lorsqu’elle apprit que son frère et Rosalie étaient fiancés, et devaient bientôt se marier, un frisson parcourut tous ses membres, et son âme inquiète s’émut et se troubla comme si le vent de la mort avait passé dans sa noire et longue chevelure, en la soulevant de son souffle glacial : C’est qu’elle savait à quoi l’homme et la femme s’engagent en prononçant le oui sacramentel, qui les lie à jamais. Elle s’affligeait du sort de son frère autant que de celui de Rosalie ; et elle résolut de nouveau, dans le fond de son cœur, de ne laisser aucun homme partager avec elle dans sa cabane la peau de tigre, où, jusqu’alors, elle avait dormi seule d’un sommeil si tranquille et si pur. Elle savait que le mariage divise le cœur par un amour plein de sollicitudes, et abrège la vie par des chagrins, des soucis et des travaux sans nombre. Elle soupira profondément, et s’écria avec un accent prophétique : « O mon pauvre frère ! ô ma pauvre Rosalie ! … Les