Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/81

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CHAPITRE VIII


Un jour, où la nature respirait à peine ; où tout était si calme et immobile, que le silence enchanté dormait dans les bras de l’extatique solitude, un peu avant le coucher du soleil, Rosalie s’éloigna de sa cabane, en effeuillant, le long de la route, une branche de sumac, marquant ainsi la trace de ses pas : Elle semblait pressentir quelque danger. Après un quart d’heure de marche, elle s’arrêta sous un grand magnolia, et s’assit sur une de ses racines qui sortait de terre. Elle remarqua autour d’elle, que les feuilles de cet arbre, d’un tissu ferme et serré, s’étaient repliées en séchant, de manière à former des vases naturels capables de recueillir et de conserver l’eau de la pluie, pendant des semaines. Les oiseaux, les lézards et une foule d’insectes venaient se désaltérer dans ces petits bassins préparés par la Providence.

Rosalie était triste et pensive. Elle comprenait toute l’étendue de l’engagement qu’elle venait de prendre. Il lui faudra désormais préparer les repas d’Issabé, tenir toujours prêts ses accoutrements de chasse, prévoir et prévenir tous ses besoins. Adieu la douce liberté, qui lui permettait d’aller et venir, de veiller et de dormir, au gré de sa fantaisie, aussi enfantine que chan-