Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

geante et irrégulière ! Adieu les promenades solitaires, les rêveries silencieuses et les plaintives modulations de la vague mélancolie.

Dans cette veine de tristesse, qui ressemblait à du regret, il s’échappait de son âme une mélodie gracieuse et suave, tendre et mystérieuse, douce et voilée comme la nuit tranquille. Elle modulait avec élan et précision ; les notes dolentes ruisselaient de son gosier, toutes chaudes de larmes, et tombaient, goutte à goutte, comme une rosée de lumière perlée, et elles scintillaient comme la chaste clarté des étoiles sereines, sous le voile transparent des ombres fugitives que chasse la brise gémissante. Il y avait, réunies et fondues ensemble dans cette voix virginale, la voix élégiaque du rossignol et la voix lyrique du moqueur. La nuit étoilée l’écoutait, dans une muette ivresse, et un extatique enchantement ! Et le moqueur se taisait, pour admirer sa rivale victorieuse, en s’illuminant des sonores éclats de sa mélodie improvisée.

Ce n’est pas la musique savante et correcte qui nous touche et ravit le plus ; mais c’est l’expression naturelle, c’est l’accent de l’âme, c’est l’explosion des passions les plus intimes : Toute l’âme passionnée de Rosalie était transmise et vibrait dans sa voix émue.

De tous les animaux, le serpent est celui, qui, par l’élasticité vibratile de son organisation, est le plus sensible à la musique. Il recherche plutôt