Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/103

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« fatigue pas quand elle est heureuse » (c’est-à-dire en harmonie avec nos aptitudes naturelles et notre attrait surnaturel.) Aussi, la plupart des penseurs féconds ont fourni une longue carrière, sans parler de la longévité, bien connue et souvent si mal expliquée, des plus sages penseurs, — des moines contemplatifs… Tant il est vrai que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que pour se replacer dans son état vraiment primitif et normal, il doit, tout en demandant à la terre sa nourriture animale, chercher avec plus d’ardeur encore, dans les régions de la vérité, l’aliment de son intelligence ! Le matérialisme, qui ne s’occupe que du bien-être de notre corps, en est le plus grand ennemi. Si cet homicide système venait à prévaloir, c’en serait fait de l’espèce humaine, car le corps n’a de vie que par l’âme, et l’âme ne vit que de la vérité… » Un des premiers effets de cette grande préoccupation de l’âme, ou plutôt de son étroite union avec la vérité, est moins de la dégager du corps que de lui assujettir celui-ci, de sorte qu’il ne semble plus tenir à la terre. Et observez que les abstinences dont le corps est alors capable ne peuvent s’expliquer, comme dans une foule d’autres cas, par une diminution de l’activité organique ; car jamais peut-être la vitalité n’est plus grande, surtout dans le cerveau. L’absence de besoin prouve donc la non-déperdition, et la non-déperdition ne peut être que l’effet de l’empire extraordinaire que l’âme acquiert sur ses organes et sur toutes les molécules qui en composent le tissu.

« Mais si la science humaine, si la vérité, perçue si loin de son vrai centre, agit si admirablement sur tout notre être, doit-on s’étonner que la contemplation de la vérité dans sa source la plus haute opère des effets bien plus surprenants. » (De la Perfectibilité humaine, par A. M. p. 39)

« L’homme étant esprit et matière, pour qu’il y ait dans sa nature l’unité nécessaire à sa perfection, il faut absolument, ou que l’esprit s’harmonise avec le corps en se matérialisant, ou que le corps s’harmonise avec l’esprit en se spiritualisant. Tant que le corps ne suivra pas la pensée, ou que la pensée ne suivra pas le corps, il y aura antipathie, division, schisme, et par conséquent malaise et souffrance dans ce singulier composé. » (Le même, p. 15.)

Après ce rapide aperçu psycho-physiologique sur le tempérament nerveux, nous croyons devoir faire quelques observations sur l’influence qu’exercent le climat et le pays que nous habitons sur notre corps, sur nos dispositions morales et intellectuelles ; nous insisterons sur la nécessité de ne pas contrarier les aptitudes naturelles, de laisser au génie un libre essor, enfin de ne pas vouloir changer ou détruire la nature en ce qu’elle a de bon, mais d’en profiter avec intelligence, en imitant la grâce.

Et d’abord, il faut dire quelques mots du climat :

« L’amélioration du climat n’est que l’amélioration de l’atmosphère ; et l’amélioration de l’atmosphère dépend de deux choses : l’élévation de la température, et l’oxigénation de l’air. L’élévation de la température fait disparaître l’humidité, elle rend l’air plus sec ; l’oxigénation combat les gaz carboniques et ammoniacaux, elle rend l’air plus pur. L’air plus sec contient plus d’électricité, l’air plus pur contient plus d’oxigène ; et tel est l’air qui convient éminemment à l’homme, car l’oxigène enrichit son sang, et l’électricité son fluide nerveux. Au contraire, l’insalubrité, en privant l’air de son oxigène, affaiblit le sang ; et l’humidité, en privant l’air d’électricité, affaiblit les nerfs. Et ces deux effets réunis exposent l’homme aux maladies épidémiques, aux fièvres de toutes sortes, enfin à la peste qui en est le dernier degré.

« Quant à l’humidité, c’est le système nerveux qu’elle attaque. Il est bien reconnu que les brouillards et des humidités constantes sont une source féconde de maladies et de dégénérescence pour la population. Mais je n’ai pas vu la physiologie, tout en constatant ces faits, s’expliquer clairement sur leur cause, que voici : l’effet de l’humidité, comme celui de l’eau, est de s’approprier rapidement le fluide électrique, et de l’enlever en partie à tous les corps qui en sont plus particulièrement pourvus. Or, si le fluide électrique est l’agent vital de notre organisation, s’il est surtout le principe constituant du fluide nerveux, la base radicale de la vie, n’en résulte-t-il pas que c’est en nous enlevant ce principe de vie, que l’humidité nous est mortelle, ou devient tout au moins une cause de dégradation