Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
LE GRAND SILENCE BLANC

Mais le Dieu des coureurs de bois nous protège. Les chiens jappent tous à la fois et s’arrêtent devant une hutte de sapin.

Sans frapper, je pousse la porte en lançant mon plus aimable hello ! mais pas un souhait de bienvenue, — ainsi qu’il est de coutume — ne m’accueille… J’entre, la demeure est vide…

J’en use librement, selon la loi établie par les rudes hommes du Nord. Je bats le briquet. Je fouille les coffres, je trouve des vivres pour mes chiens qui les reçoivent avec une évidente satisfaction.

Quant à moi, je m’endors comme une brute, la tête enfouie dans les poils de renard gris.



Lorsque je m’éveille, il fait grand jour. Un soleil pâle fait miroiter la neige. Je me mets sur mon séant. De mes poings, je frotte mes yeux, je bâille longuement en étirant, mes bras, mais mon geste ne s’achève pas. Je viens d’apercevoir, clouée au-dessus de la porte, une gravure représentant l’Angélus de Millet.

Certes, le chromo est affreux, mais je m’attendais si peu à retrouver là cette image, qui me rappelle la patrie lointaine, que je reste un moment comme étourdi.