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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/112

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LE GRAND SILENCE BLANC

Port-Clarence, en passant par Dawson et Rupert-City, mais le plus intéressant, sans mentir, est un de vos compatriotes. C’est un solitaire, qui n’a pas voulu se plier aux exigences des grandes compagnies ; il a un creek à 35 milles d’ici, un creek bien à lui, dont les papiers de propriété sont en règle ; promesse, argent, rien ne l’a tenté, il est plus têtu que le roc auquel il arrache, péniblement, avec des moyens de fortune, quelques onces d’or tous les jours.

S’il les boit ? Jamais un cabaret ne l’a reçu sur son seuil.

S’il les joue ? Personne n’a vu une carte entre ses doigts.

Cela est. César Escouffiat existe, il est mineur sans être ivrogne ni gambler. Quand je vous dis, c’est un drôle de type, c’est un drôle de type, vous pouvez m’en croire. Au surplus, je vous le veux montrer, dès demain, si telle est votre fantaisie toutefois.

Pour l’instant, votre whisky n’est pas éternel, mon gosier en a perdu le goût depuis deux quarts d’heure ; de plus, je vous assomme avec mes bavardages et je vois que malgré votre politesse, vous tombez de sommeil.

Et sans prononcer une autre parole, Gregory Land étale une couverture de peau à même le sol, devant le feu ; il ramène ses genoux à la hauteur de son menton et bientôt un grognement rythmique m’annonce que Gregory Land, le postier,