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LE GRAND SILENCE BLANC

une végétation rampante, des lichens, des mousses, tend des pièges difficiles à éviter.

C’est la terre de l’absolue désolation où rien ne croît si ce n’est les baies de corail, les gueules noires, la tripe de roche ou le pain de cariboo.

Holà, vous n’allez pas dormir ici, mes garçons, allons hop, à l’ouvrage !

Le fouet claque, les chiens tirent sur les harnais, le traîneau repart.



Maintenant la piste court, bordée d’épinettes blanches, de sapins et de pins, de bouleaux à canots et des baumiers, des trembles, beaucoup de trembles…

Les dix derniers milles sont franchis en se jouant, par les chiens. L’instinct les avertit que l’étape est prochaine.

Gregory les encourage de la voix et, joyeux, il entonne :

When you come to the end of a perfect day.

Il cesse, tout à coup, son chant pour pousser des cris inarticulés, les coups de fouet cliquent-claquent, les chiens aboient comme des enragés, une ligne brune apparaît. C’est le camp des mineurs de Kid’s City.