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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/13

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LE GRAND SILENCE BLANC

« service armé » à qui l’air de l’Amérique était favorable. Je fus « ce pelé, ce galeux, haro… » ! De quoi se mêlait-il, celui-là ? On me le fit bien voir… Le chœur des vieillards célébra sa victoire en dansant, sur le mode antique, la danse du scalp.

J’avais la bouche amère, comme après boire ; j’aurais pu me fâcher, raconter les petites fripouilleries qui sont monnaie courante… Bah ! À quoi bon !

Je me suis enfoncé dans les solitudes vierges du Grand Nord. Là, j’ai goûté vraiment le repos de ma chair et le repos de mon âme. La vie était rude, mais j’avais la santé physique et morale.

Au fait, c’est pour cela que je suis ici. Voici, Mon Sieur, quelques papiers (eh ! oui, toujours le fameux microbe), j’ai noté là, par à-coup, les heures de paix et de solitude, les heures mornes aussi où la désespérance agrippe le cerveau.

Vous lirez ces choses… oui, merci, mais je voudrais plus encore.

Moi, voyez-vous, Paris, ses combinaisons, ses truquages, c’était bon pour ma carcasse de vingt ans ; aujourd’hui, non… je lâche tout… oui, Mon Sieur, je m’en retourne vers le Grand Silence Blanc de ma terre qui paye. Vous lirez, vous verrez ; une fois qu’elle vous tient, c’est pour toujours…

Je voudrais…