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LE GRAND SILENCE BLANC

nent en foule, il se donne des claques sur la cuisse et rit d’un gros rire…

— Une fois, chez mon père, on avait tiré un marcassin, sur les terres de lord Denshire ; entre nous, nous l’avions tiré sans autorisation et nous l’avions bourré, le marcassin, pas le lord, avec des saucisses et des châtaignes. Tous les voisins étaient de la fête et — comme cela se doit — chacun avait apporté son présent ; le whisky, le bon vieux whisky d’Écosse, était copieusement représenté.

Et Mac O’Neil fait claquer sa langue.

— Dans la cheminée, un tronc entier brûlait ; la flamme jetait de grandes lueurs qui illuminaient le visage des filles et les filles riaient parce que les garçons les chatouillaient. Le lendemain, mon père et moi étions seuls autour de la table.

— Et les voisins ?

— Les voisins ? Ils étaient dessous.

Le mineur conclut :

— En vérité, ce fut une belle Christmas !

Puis, l’homme conte d’autres souvenirs… Mais je n’écoute plus, sa voix fait un ronronnement à mon oreille. Est-ce que je sommeille, est-ce que je rêve ? Ces évocations font se dresser un long cortège de fantômes oubliés…

Les cérémonies familiales, mon père, ma mère, mes sœurs, mon frère, la grande table, autour de laquelle nous étions tous réunis attendant que minuit sonne…