Aller au contenu

Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
LE GRAND SILENCE BLANC

son soulier avait fait rouler une pépite grande comme un œuf de cane ; un autre, en creusant pour tendre un piège, avait mis à jour un filon… Et les imaginations de galoper.

Le bassin du Yukon fut bientôt envahi par une foule d’apprentis richards. Je ne vous dirai pas ceux qui sont tombés en route, ceux qui ont fait en quelques jours des fortunes scandaleuses, et qui les ont reperdues en quelques heures ; ceux qui, plus malins, laissaient travailler les autres et les attendaient posément au retour dans les passes de White Horse et dans les bouges de Skagway.

Ce fut une belle époque. J’en étais, moi qui vous parle. Oui, j’en étais.

Et Gregory redresse le torse fièrement, ce qui déplace sa jambe et lui arrache un cri… Mais, déjà, il poursuit :

— Et les mains que vous voyez là ont aidé à brancher pas mal de mauvais garçons. Dame ! Il fallait faire la police soi-même, le Gouvernement — que Dieu garde ! — ne prétendait pas encore se mêler de nos affaires.

À Rome, il faut agir comme les Romains, ce que vous traduisez, je crois, dans votre langue, par : « Il faut hurler avec les loups. »

Je hurlais donc ainsi que vous dites. Je travaillais, je gagnais de l’or que je reperdis, je bus pas mal de gin et de whisky dans tous les saloons