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LE GRAND SILENCE BLANC

drôle de corps et, tout en l’écoutant bavarder, je fais trois parts de ma « paye ».

Nuggets les pépites, gold dust les parcelles d’or plat, et flour gold l’or fin, la poussière d’or, que je serre précieusement en des petits sacs de cuir.

— Vous avez une belle « paye » aujourd’hui. Vous n’avez point perdu votre temps ; la jolie breloque que voilà !

Et Gregory fait sauter dans sa main ma dernière trouvaille, une pépite grosse comme une amande.

Le postier l’examine en connaisseur, entre le pouce et l’index, puis, délicatement, il la pose sur le bord de la table en disant :

— Vous en avez là pour cinquante dollars. Prenez toute votre chance jusqu’au bout, c’est de toute justice, mais j’avais, je crois, commencé une histoire.

Il se recueille et, pour la dixième fois, il répète :

— En ce temps-là…

J’éclate de rire.

— Vous avez raison de vous moquer, old chap, mais je sais plus long que le commencement… En ce temps-là… les bouches de la Renommée apprenaient à tous les propres-à-rien, qui sont des propres-à-tout, de la machine ronde, que l’or poussait en Alaska comme blé en juillet dans les champs du Manitoba ; il n’y avait qu’à se baisser pour emplir ses poches. Un trappeur du bout de