Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
LE GRAND SILENCE BLANC

— J’aime les gens de mer. Tout ce qui vient de la mer m’attire. J’aurais tant voulu être marin !

— C’est un regret ?

— Oui, le grand regret de ma vie.

— Diable, quel amour !

— C’est un amour, aussi pour le satisfaire, j’ai tourné la difficulté : ne pouvant être matelot, je suis voyageur !

— Je rends grâce à cette vocation qui nous permet de vous avoir. C’est si rare que nous ayons quelqu’un qui vient de France.

— Ne comptez pas sur moi pour la dernière mode ou l’ultime potin. J’arrive de France, si vous voulez, mais après un sérieux crochet dans le Texas, l’Arizona et la Californie. Demain, je pars pour les Îles.

Avec une pointe d’émotion, Mme de J… me parle alors de Paris, du Paris qu’elle aime, du Paris littéraire et théâtral. J’écoute la musique de sa voix. Des noms frappent mon oreille peu accoutumée. De Max, Lavallière, Bartet, Robinne, c’est comme un doux ronronnement qui berce mon âme, la calme et l’endort.

Le nom d’un théâtre ou le titre d’un livre accroche de-ci, de-là, ma pensée… c’est un film qui se déroule, je vois nettement les tableaux et les scènes… Mais alors ? L’Arizona brûlant que je viens de parcourir à cheval, les Indiens Opi, hospitaliers et primitifs, la Californie et les bons