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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/20

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LE GRAND SILENCE BLANC

camarades qui travaillent avec moi dans la mine ?

Qui est dans le vrai ?

Elle ou moi ?

Mais le consul s’approche, souriant :

— Prendrez-vous un cocktail, cher ?

Un cocktail, by Jove ! Je suis bien à Seattle, dans l’État de Washington, là-bas, à tous les diables, sur la côte du Pacifique.



J’allai par mer à Victoria et de Victoria à Vancouver, où j’eus la chance de trouver le jour même de mon arrivée un vieux cargo, l’Abraham-Lincoln, qui faisait le service de la poste à travers le méandre des îles.

La traversée ? Un peu mouvementée, comme cela se doit dans ces parages où l’on navigue dans des couloirs étroits, où le vent et la mer s’engouffrent avec un bruit d’orgue.

Tant bien que mal, plutôt mal que bien, nous avons franchi le détroit de Georgie que longe l’île de Vancouver.

On danse fortement lorsque, après les îles Scott, on pénètre dans le Pacifique ; mais, crachant, soufflant, faisant un bruit de vieille quincaillerie, l’Abraham-Lincoln double enfin la