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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/238

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LE GRAND SILENCE BLANC

de Gregory s’arrêtent net et sa colère tombe avec cette phrase :

— Oh ! alors… vous m’en direz tant.

Devant le feu qui flambe, clair, Tempest se grille le museau et les pattes.

Lorsque j’ai dit : « Tempest est mon ami », il s’est dressé, il est venu mettre son museau sur mes genoux, il a levé ses bons gros yeux vers moi, et sa queue a balayé les cendres.

Et comme pour moi, je parle :

— Il y a longtemps que l’on se connaît, n’est-ce pas, vieux copain ? Une amitié comme la nôtre cela date. Ah ! ça n’est pas d’hier… Où je l’ai rencontré ? C’est toute une histoire… J’étais encore un apprenti qui excitait la commisération et la pitié des aînés lorsqu’il essayait d’atteler ses chiens ou de charger proprement son traîneau. Mais j’avais une chose qui me faisait respecter : deux poings solides et très peu de patience. Les rieurs se turent bientôt, pas vrai, Tempest ?

— Vous avez toujours eu un fichu caractère, interrompt Gregory qui crache sa chique dans le foyer.

— Possible, c’est comme ça ! Ça ne vous dit pas comment j’ai connu Tempest ? La chose est simple. Je prospectais à l’ouest des Alpes alaskiennes, le long de la Tanana river, l’affluent de gauche qui se jette dans le Yukon, à Nuklukayet.

— Dix ! laisse tomber Gregory.