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LE GRAND SILENCE BLANC

reux ! Tu n’as pas le cœur en fête… pauvre vieux.

Je me mets en chemin et pourtant mes jambes sont cassées comme après un long voyage. Je n’avais jamais remarqué combien cette côte était rude. Quel calvaire !

… Et maintenant, il faut rentrer ; va, Tempest, va, retourne à la cabane, reviens à ce qui fut « chez nous ». Tu y chercheras, tu y trouveras l’odeur de ton maître. Moi, ton maître ? Non, ton égal, ton copain, ton frère… Garde-moi un coin secret dans ton bon cœur de chien, va, va, va…


… Je suis debout, au haut de la colline. Tempest descend la côte, lentement, pitoyablement ; chaque trois pas, il retourne la tête pour voir si je ne vais pas le rappeler… Son ventre rase la terre, sa queue traîne.

— Va, va, va…

Enfin, il arrive. Il s’assied sur le seuil et me regarde une dernière fois. Une dernière fois, je vois ses bons yeux mouillés de larmes qui m’implorent.

— Va, va, va…

D’un coup de patte, il pousse la porte. Tempest est rentré dans la maison et dans mon souvenir.

Il est désormais hors ma vie. Je ne le verrai plus jamais, jamais, jamais.



FIN