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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/49

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LE GRAND SILENCE BLANC

ses. C’est le cœur farouche de l’Islam qui brûle dans le sanctuaire de Moulay Idriss ; mais oui, Moulay Idriss, je suis à Fès, voici le souk et la rue Chemmaïne où se tiennent les marchands de dattes, de figues, de cierges et de gâteaux, des marchands, graves et paisibles, qui, accroupis, attendent le client en égrenant d’un geste uniforme leurs chapelets aux grains oblongs.

Mais non, c’est la lampe de Julien… de Julien qui veille, dans son palais de Lutèce, cherchant où est la Vérité.

Le monogramme du Galiléen flambe sur le labarum portant en auréole la prophétie faite à Constantin : « Par ce signe, tu vaincras. » Mais là-bas, par delà les collines monte l’éternel Dieu de lumière, Mithra, père du Monde.

Hélios ou Christ ? Qui ? Les légions inquiètes attendent.

La nuit encore. Des couloirs sombres où l’on s’enfonce en rampant avec la sensation affreuse que le couloir va en s’amincissant et que le plafond descend, descend. Mais voici que la lueur reparaît, agrafée aux chapeaux des mineurs… Des hommes peinent un labeur immense pour arracher à la terre la pierre noire qui porte en elle le principe du Feu. Mais non, je suis fou, du charbon, ça ? Non. De l’or. Les murs s’élèvent à une hauteur vertigineuse, la petite flamme se transforme en un brasier effrayant ; la voûte, les parois, le sol, tout est en or. Le métal jaune illu-