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LE GRAND SILENCE BLANC

pas méchant, ayez pitié de cette chose lamentable qui est là auprès de vous. Vous n’êtes pas un homme, vous, mais un bon chien… vous avez un cœur simple et fidèle… vous ignorez les combinaisons redoutables et les raisons qui nous font agir, le mensonge, la cupidité, la jalousie, les pensées qui hantent la cervelle pendant des jours et des nuits… Ils vont passer… entendez-les… Ils cherchent une proie.

« Voyez comme nous sommes peu de chose. Un aboi et ce corps est perdu, ce qui est peu, mais que fera-t-on de cette âme ?

« Mon chien, mon bon, mon excellent Tempest, mon frère, mon ami, tais-toi, tais-toi, tais-toi, ne sois pas le pourvoyeur de la justice des hommes…

— Eliahayaha ! Ehoyohohooo… oua… oua… oua…

Les appels et les cris passent, se perdent, se fondent et se confondent dans le rauque aboiement de la tempête…

De grosses larmes de sueur tombent de mon front sur mes joues ; alors, Tempest tourne vers moi son regard de bête, puis avec un gémissement plaintif, il essuie ma figure à petits coups de langue…