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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/68

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LE GRAND SILENCE BLANC

pleut à Sitka 285 jours… je dis bien, vous n’avez pas la berlue, deux cent quatre-vingt-cinq jours par an. Les statistiques sont là, vous n’allez pas nier les statistiques, je suppose.

Dire que plus au Nord, on aperçoit la cime d’une montagne qu’on a appelée Fairweather : le beau temps… Les explorateurs ont certainement voulu se payer notre tête.

Il pleut à torrents. Hong-Tcheng-Tsi sautille, j’enfonce mes lourdes bottes dans la boue liquide, je jure tous les démons de l’enfer… Hong chemine maintenant près de moi ; dans une ornière, je perds pied ; d’une poigne qu’on n’aurait pas soupçonnée chez un homme de son âge, Hong-Tcheng-Tsi me remet, debout.

Du cône du Vestoria sortent des jets de flammes. Le spectacle du volcan serait pittoresque si l’on avait le temps ou plutôt si le temps était plus agréable…

Je continue à pester. Pourquoi diable, suis-je allé écouter ce vieux fou ? N’étais-je pas heureux dans le bar ? J’avais chaud, j’avais une pipe… Ah ! les hommes ne sont jamais satisfaits de leur sort…

— C’est ici, fait mon ami.

Ma foi ! la maison paraît confortable et de bon accueil, ma physionomie s’éclaire, je deviens moins maussade.

— Entrez.

Le vieillard s’efface et je pénètre dans sa de-