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LE GRAND SILENCE BLANC

meure. La porte soigneusement refermée, deux serviteurs chinois se précipitent. Hong-Tcheng-Tsi donne des ordres dans sa langue natale, ce dont il s’excuse auprès de moi.

Les serviteurs font diligence, l’électricité brille, doucement voilée par des lanternes multicolores. Maintenant, ils sont là ; l’un d’eux, avec adresse, enlève mes bottes boueuses. L’autre a pris ma veste de cuir et m’a passé une robe aux manches larges et souples. Il n’y a que les Chinois pour savoir s’habiller sans gêne aucune.

Je ris de me voir ainsi attifé ; cela doit être drôle, en effet, car Hong-Tcheng-Tsi plisse ses yeux bridés, ce qui est sa façon de sourire.

Les serviteurs ont disparu. Hong me convie à prendre place auprès de lui sur des coussins aux soies vives. Il frappe dans ses mains. Une poupée chinoise est là ; par où est-elle entrée ? Mystère.

Du thé et des pipes… C’est ce que le maître a dû commander, car la poupée est sortie et déjà revenue apportant ces choses.

La petite flamme crépite… La poupée est restée. Elle est assise à croupetons, elle a l’air vraiment mécanique ; d’une main experte, elle prépare la boule, la grille à la courte flamme… Elle tend la première pipe…

Hong avec politesse renouvelle ses excuses… Du thé, il n’a jamais d’alcool ; de l’opium, il ne m’en offre pas. Il me juge probablement indigne de pénétrer les arcanes de la sacrée drogue. Au