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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/76

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LE GRAND SILENCE BLANC

fonce dans l’Océan Glacial et que les géographes ont dénommée Point-Barrow.

Autour de nous, hérissant le sol, gisaient des carcasses de baleines qui avaient une vague ressemblance avec des cales de cargos en construction. C’est là que les indigènes arriment leurs canots.

J’affûte la pointe d’un harpon et affecte d’être absorbé par l’unique souci de mon travail, afin de ne pas avoir à répondre.

Mais Kotak est tenace.

— Je voudrais bien le connaître, ton pays. Si j’en juge par ce que j’ai vu à Dawson…

Je l’interromps brusquement :

— Tu connais Dawson, toi ?

— J’ai remonté le Yukon, parfaitement, avec la face-blanche-qui-vendait-des-prières, et si ton pays ressemble à Dawson, je ne te fais pas mon compliment.

Il y a plus de décrets et de règlements affichés dans l’Office du shérif que jamais Tounya, l’esprit qui vit dans la terre, dans l’eau et dans le ciel, n’en édicta pour le bonheur des hommes.

Pourquoi travailler tout le jour aux rudes tranchées de la mine pour disperser la pierre jaune si péniblement acquise en quelques instants sur un coup de dé ? Pourquoi ?

Pourquoi boire quand on n’a plus soif ? Dis.

C’est étonnant ce que l’affûtage de ma pointe d’acier m’absorbe de plus en plus.