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LE GRAND SILENCE BLANC



Mais Kotak, dont l’esprit ne s’embarrasse pas de sentimentalité, me dit, pratique :

— Nous avons eu ici des proies faciles, mais sais-tu ce que c’est que guetter pendant des heures, sur la banquise, le trou où le phoque viendra sûrement respirer ?

On est accroupi sur la glace, l’œil fixe, le poing crispé sur le harpon.

Le froid pénètre les os, la pensée vacille et s’obscurcit ; une seule idée subsiste : « Si la chasse est infructueuse, la tribu ne mangera pas. » Le phoque pour nous, c’est la vie, notre vie, et celle de nos chiens… C’est pourquoi les tribus qui sont loin des côtes font de grandes expéditions pour se procurer des réserves.

Nos frères Thlinkits capturent des animaux vivants. C’est une curieuse chasse. Ils se placent en arc de cercle entre les phoques et la mer et les effrayent avec de grands cris ; le cercle se referme, peu à peu ; ils poussent les phoques dans la direction voulue. Pour arriver à leur but, les chasseurs se servent d’une arme étrange importée par tes frères : des parapluies.

— Des parapluies ?