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nées d’étincelles ; c’est le génie de l’homme qui s’avance, qui se révèle et vient régner dans ces lieux-mêmes où la nature seule semblait devoir régner éternellement !… Oh ! c’est alors, c’est au premier retentissement de ce bruit attendu, que tout fils errant de la Louisiane s’émeut, se trouble, s’inquiète… Oh ! qui peindrait les saintes émotions, l’indicible attendrissement de tout enfant créole, alors que le steam-boat, monstre rugissant, soulève, comme un poids léger, deux immenses trois-mâts liés à ses flancs, s’avance orgueilleusement sur les eaux, et couvre de l’écume de son majestueux sillage les rives retentissantes du vieux fleuve ! Comme tout alors réveille en nous d’inénarrables souvenirs ! Comme tout nous ramène avec tristesse à ces jours lointains, à cette époque insoucieuse de la vie, à cette enfance où « le cœur dort, » selon l’expression si profondément sentie de Victor Hugo ! Comme l’âme s’exalte, s’enivre, se pénètre de ce calme, de ce silence, de cette majesté d’une nature imposante, de ces magnifiques tableaux de la solitude qui se déroulent à l’infini !…


2. Ce vieux Nil des déserts où Chateaubriand but.

« Par intervalles, le fleuve élève sa voix en passant sous les monts, et répand ses eaux débordées autour des colonnades, des forêts et des pyramides des tombeaux indiens : c’est le Nil des déserts. » (Chateaubriand, Atala.)


3. Viens t’enivrer du chant de nos colins-foroux.

Le colin-forou est un oiseau de nuit de la Louisiane. Les