LES POÈTES BRETONS FRANÇAIS 129
Vous qui me visitez dans mon désert sauvage,
Vous aimerez sans doute à longer ce rivage.
Vous irez traversant le taillis du manoir,
Gravissant des ravins, vous arrêtant pour voir
Le cours de TArguenon, doux fleuve poétique.
J’ai passé quelques jours dans ce charmant
pays, où dort, sous un menhir surmonté
d’une croix, près de l’ancienne abbaye de
Saint-Jacut, le grand historien de la Bretagne,
l’austère dom Lobineau, et quand je lis les
vers si sincères d’Hippolyte de la Morvonnais,
je revois et reconnais tout ce qu’il a décrit :
L’île des Ébihens qui porte sur sa crête
Une tour de granit droite sur son écueil,
et la petite terme avec ses figuiers, cachée
dans un pli de l’îlot.
Comme un oiseau de mer qui fuit les coups de vent.
Mais la mort de M"^® de la Morvonnais, le
21 janvier 1835, brisa la vie du poète. Il quitta
le Val avec sa fille unique, le lendemain de
cette mort, et n’y revint habiter que plusieurs
années après.
Pour occuper les heures, qui sont si lentes
ROUSSE. — POÉSIE BRETONNE. — 9