Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/423

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CANTATE VI.
THÉTIS.

Près de l’humide empire où Vénus prit naissance,
Dans un bois consacré par le malheur d’Atys, [1]
Le Sommeil et l’Amour, tous deux d’intelligence,
A l’amoureux Pélée avoient livré Thétis.[2]
Qu’eût fait Minerve même, en cet état réduite ?
Mais, dans l’art de Protée en sa jeunesse instruite, [3]
Elle sut éluder un amant furieux :

  1. Par le malheur d’Atys. On sait ce qui arriva à ce jeune berger
    phrygien, pour avoir indiscrètement violé, en épousant la nymphe
    Sangaride, le serment de chasteté qu’il avoit fait à Cybèle.
    Cette étrange catastrophe a fourni à Catulle le sujet d’un beau
    poème ; et à notre Quinault, l’un de ses meilleurs opéra.
  2. A l’amoureux Pélée, etc. Jupiter et Neptune avoient formé,
    d’abord, quelques projets sur Thétis ; mais ayant appris qu’il nattroit
    d’elle un fils qui seroit plus grand que son père, ils renoncèrent
    à leurs prétentions, et cédèrent la belle Nymphe à Pélée,
    fils d’Éaque. (Ovide, Métam. liv. xi, v. mi.)
  3. Mais, dans l’art de Protée, etc. Ovide, au même endroit, v. 421
    et suivants :

    Quod nisi venisses, variatis sœpe figuris,
    Ad solitas artes, auso foret ille potitus ;
    Sed modo tu volucris : volucrem tamen ille tenebat y
    Nunc gravis arbor eras : hasrebat in arbore Peleus, etc.

    A tes déguisements ta pudeur a recours.
    De la ruse à la force opposant le secours,