Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/432

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CANTATE VIII.
CÉPHALE.[1]

La nuit d’un voile obscur couvroit encor les airs,
Et la seule Diane éclairoit l’univers,
Quand, de la rive orientale,

L’Aurore, dont l’Amour avance le réveil,
Vint trouver le jeune Céphale,

Qui reposoit encor dans le sein du sommeil.
Elle approche, elle hésite, elle craint, elle admire ;
La surprise enchaîne ses sens ;
Et l’amour du héros, pour qui son cœur soupire,
A sa timide voix arrache ces accents :
Vous, qui parcourez cette plaine, [2]

  1. Apollodore, liv. iii, ch. xv, distingue deux personnages mythologiques, connus sous le nom de Céphale ; l’un, qui fut le mari de cette Procris, dont Ovide a chanté les amours et les malheurs, Métam. liv. vii. Tous deux furent aimés de l’Aurore ; mais l’époux de Procris ne voulut point lui sacrifier ses premiers feux, et l’on sait la vengeance cruelle qu’elle en tira. Celui dont il s’agit ici étoit fils de Mercure et de Hersé ; il eut de l’Aurore un fils nommé Tithon.
  2. Tous qui parcourez cette plaine, etc. Ces stances délicieuses, où
    le sentiment de la chose est dans le nombre même et l’harmonie
    du vers, rappellent le sommeil d’Issé, et la charmante cantatille
    d’Apollon :

    Vous, ruisseaux amoureux de cette aimable plaine,
    Coulez si lentement, et murmurez si bas,